Allez, puisque vous avez été presque sages et que me sens une âme de presque-poète, voici une petite poésie sur la Aldéa, à la manière du magnifique poème Les Djins de l´ami Victor (les experts auront remarqués que j´ai cependant rajouté un huitain d´alexandrins qui n´est pas dans le poème de Totor).
N´ayant ni son talent ni son expérience ni ses petites lunettes, je demande donc l´indulgence du jury pour le nombre de pieds, de mains, de bouches et de je-ne-sais pas quoi ! (Mais vous pouvez quand même me signaler les fautes pour une amélioration !)
Un voile
Noirci.
Etoile
Qui luit.
Brillante
Nuit d´encre,
Stagnante
Folie.
Tout est noir
Sans un bruit.
Pleins d´espoirs
Dans la nuit,
Les enfants
En rêvant
Vivent tant
De folies.
Un coq chantonne
Dans le lointain.
Son cri résonne
Comme un matin.
La nuit s´en va
Et pas à pas
Le jour déjà
Se lève au loin.
Les enfants s´éveillent.
Leurs yeux embués
Sont pleins de sommeil
Signe que Morphée
Jaloux de l´appel
Du strident réveil
Dans ses bras de gel
Voudrait les garder.
Le bruit naît peu à peu
Au petit déjeuner
Comme démarre un feu
Timide et sans fumée.
Quelques brèves paroles
Tombent d´une voix molle
C´est l´unique bémol
Au silence brisé.
Le départ vers le collège
S´effectue à reculons
Comme des pas dans la neige
Qui progressent à tâtons.
Déjà envahissent l´air
Les envies et les chimères
D´école buissonnière
De retour à la maison.
Des nuages épais et gris
Masquent l´azur, et des éclairs
Fendent l´espace en deux tandis
Qu´au loin résonne le tonnerre.
Le cliquetis des gouttes claque
Déclic que se forment les flaques
Et dans le bois les branches craquent
Courbées par la pluie et la terre.
Les animaux de la jungle éveillés
Dans l´air moite et pesant poussent leurs cris
Et déjà sous le soleil ont séché
Les ultimes vestiges de la pluie.
Sous un arbre brille une tache orangée
Le cacao à sa branche accroché
Vêtu de sa tunique or et cuivrée
Nous lance un appel à être cueilli.
Les jeunes de retour ont troqué leurs tracas
D´écoliers pour des jeux de cour de récré
Rassemblés en tablées autour de ce repas
Que leurs regards gourmands ont déjà dévorés.
Les sourires sont francs et les yeux sont rieurs
Même au dessus du puits le vieux saule pleureur
Délaisse son chagrin pour pleurer de bonheur
Et quitte ses sanglots pour n´être que gaieté
Les têtes bien faites mais trop peu pleines
Entament les devoirs sur les bureaux
Tous sont sérieux, attentifs, mais deviennent
Si dispersés si l´on tourne le dos.
Tempêtes sous les crânes des enfants
La machine en surchauffe éclate quand
La matière grise a viré rouge sang
Et se met en grève dans le cerveau.
Puis les enfants sortent heureux
L´heure attendue vient d´arriver
Et les arbres attendent, peureux
Conscients que la leur a sonnée.
Debout tremblants comme des feuilles
La jungle sera leur cercueil
La forêt tombe et fait le deuil
Sous les machettes aiguisées.
Balles, boules et ballons
Rapidement sont sortis
Leurs folies et leurs rebonds
Font disparaître l´ennui.
Les rires clairs et sonnants
Montent portés par le vent
Ainsi que vont les cerfs-volants
Sans contrainte ni souci.
L´ondée fraîche et limpide
Etant d´un froid mordant
Quelques gestes rapides
Suffisent amplement
A nettoyer ces corps
Dont les membres encor
Brillent comme de l´or
Sous la lune d´argent.
Chacun se tient prêt
A monter dîner.
L´esprit est vif mais
Le corps fatigué.
Le calme revient
Quand le benjamin
Enfin plus serein
A les yeux fermés.
La nuit éclaire,
Illuminée.
L´astre lunaire
Est allumé.
Son blanc ivoire
Se laisse choir
Dans les miroirs
De la rosée.
Quelques sons
Etouffés
Qui s´en vont
En fumée
Les lucioles
Virevolent
Près du sol
Noir de jais.
Silence
Serein
Errance
Satin
C´est beau
Repos
Jusqu´au
Matin